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Huysmans et l’évangile du réel

 

Huysmans demande à la littérature de ne pas nous voiler la face, de nous montrer la réalité dans sa vérité la plus crue. Longtemps il croit qu’il n’y a rien à espérer, que la vie n’a pas d’autre sens que celui d’être une farce sinistre, où seul le pire arrive. Puis vient un moment où une lumière se dessine, dans le brouillard cafardeux. Moment singulier qui échappe, pour une large part, à celui qui le vit. Huysmans se convertit. Le réel fut son évangile, au goût âcre, fascinant. La foi qu’il embrasse ne perd jamais de vue la misère de l’incarnation. Elle se vit à l’épreuve du présent, ne travestit pas le réel, fait la chasse à tout ce qui entrave le salut : la laideur d’un art catholique exténué de pudibonderie, la niaiserie des bigots, l’angélisme sous toutes ses formes. De l’écrivain naturaliste, proche de Zola, à l’oblat de Ligugé, de l’esthète prétendument décadent d’À rebours au mystique amoureux de liturgie, de symbolique médiévale et de plain-chant, il n’y a jamais eu qu’un Huysmans, un homme animé par la passion du vrai, qui voit surgir l’inespéré des horizons grisâtres de la ville moderne [quatrième de couverture].

Il faut assumer l’amertume de la vie. D’où l’ambiguïté de la foi, chez Huysmans, qui espère un salut mais un salut qui n’épargne pas, qui ne prive pas l’être de la souffrance à laquelle il est destiné. La douleur est à la fois scandale et nécessité, levier et obstacle. La foi n’est pas là, pas plus que l’art, pour idéaliser mais pour atteindre au rapport le plus juste et le plus vif, avec le monde, avec les autres, avec soi-même.

Le 9 août 1906, un journaliste du Gaulois avait posé à différents écrivains comme Paul Bourget ou Henri de Régnier la question : « Quel est le bon temps ? Est-ce la jeunesse ? L’âge mûr ? Ou la vieillesse ? ». La réponse de Huysmans est bien à son image :

« – Le ‘bon temps’ – et les paroles tombèrent lentes, graves, glaciales, – le ‘bon temps’ ? Je ne sais pas si d’autres l’ont connu. Moi, je ne l’ai jamais connu.

Et comme se parlant à lui-même :

– Ah ! ce n’est pas amusant la vie, mais pas du tout, à aucun degré et à aucun âge. Puis, brusquement :

– Dites cela, si vous voulez, à vos lecteurs. Ne dites que cela, mais dites-le leur. Ou plutôt, non, ne dites rien du tout ».

 

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